mercredi 5 juillet 2017

[L'étagère dystopique] 1984 - George Orwell

408 pages (Editions Folio) - 3/5



Souriez, vous êtes filmés. Londres, 1984. Voici Winston Smith, employé au Ministère de la Vérité, chargé de réécrire l'histoire afin qu'elle s'accorde avec la version officielle. Voici les télécrans qui diffusent en permanence les messages de propagande et espionnent sans relâche chaque individu. Voici Julia, rencontrée lors des Deux Minutes de la Haine quotidiennes et obligatoires où l'on conspue le Traître Emmanuel Goldstein, qui aura maille à partir, comme Winston, avec la Police de la Pensée. Voici la novlangue qui dépouille le langage de ses inflexions subversives, qui le réduit à un rôle informatif. Et surtout, voici Big Brother, aujourd'hui passé au stade de figure mythique, symbole de la surveillance et de l'oppression totalitaire. 1984, une machine monstrueuse si habilement huilée, qui broie l'homme et les pensées, et que plus rien ne semble pouvoir enrayer. Nous n'en avons pas rêvé, Orwell l'a fait. Espérons qu'il sera le seul.
« Big Brother is watching you » Inspiré par le Londres de la Seconde Guerre, le communisme et tous les totalitarismes, 1984 est la plus époustouflante des antiutopies. Le livre, qui a rendu fameux le Novlangue (langage réduisant la capacité de pensée) ou la correction des archives historiques, évoque tant de dérapages contemporains qu'il doit être lu. pour ne pas être un jour subi.


« Les masses ne se révoltent jamais de leur propre mouvement, et elles ne se révoltent jamais par le seul fait qu'elles soient opprimées. Aussi longtemps qu'elles n'ont pas d'élément de comparaison, elles ne se rendent jamais compte qu'elles sont opprimées. »


En bref... s’il est indéniable que ce livre fait réfléchir, la lecture ne m’a pas été forcément agréable. L’univers est complexe et très riche, mais pas assez explicité au début. L’intrigue met du temps à s’installer, ce qui est un peu ennuyeux, et, en même temps, le lecteur assiste à l’éveil de la conscience chez Winston. La seconde moitié est en revanche très prenante, d’autant que l’on est dans la constante expectative des réactions des personnages, imprévisibles à cause de cet univers impitoyable.


Cette œuvre est un incontournable, un classique, un précurseur de la dystopie ; ainsi, on en retrouve tous les éléments : un univers autoritaire, un personnage baignant dedans puis qui entre dans la contestation du roman, dans le but de détruire le régime. Il y a de là de quoi discuter !

Pour commencer par l’univers, qui constitue la base du livre et le point de départ de l’intrigue, il est très complexe. Trop, même, au premier abord, et cela parce que l’auteur n’explique pas tout de suite comment est composé le Londres que l’on découvre (notamment les différents ministères, Big Brother), d’autant que l’écriture ne rend pas la lecture aisée : Orwell a créé dans ce monde une nouvelle langue, le Novlangue, censée traduire la façon de penser humaine, c'est-à-dire de manière simplifiée, ce qui passe par des mots-valises issues de la contraction d’expressions entières, de grammaire plus ou moins étrange, de mots nouveaux... pas ce à quoi je suis habituée, en somme (et vous l’aurez peut-être compris à présent, j’aime l’originalité, mais pas forcément dans le style d’écriture). Donc, j’avoue avoir eu beaucoup de mal au début. L’univers m’a fait penser à la dictature de Staline transposée à un Londres futuriste (en 1984, pour un roman publié en 1949) mais, en fait, l’inspiration première a été celle des premiers socialismes anglais.

Une fois cela posé (dans la chronologie du livre, avant, certes), on découvre le protagoniste, Winston. Comme dans toute dystopie, on s’attend à ce qu’il devienne un héros, et donc à ce qu’il y ait de l’action. Or, le début du roman est consacré à la découverte par le personnage de tout ce à quoi le régime autoritaire le prive. Et cela met du temps, beaucoup même. Les rencontres avec Julia sont plates, et n’apportent pas grand chose. Ce qui m’a fait vraiment accroché à l’œuvre est le Livre de Goldstein, celui censé incarner l’opposition au régime. Des extraits du Livre sont inclus, et la démonstration m’a beaucoup plus fait comprendre le contrôle exercé par le Parti sur la population. A partir de là, la suite et fin est intéressante (je ne dirais pas où elle se passe, au risque de vous spoiler), mais les bouleversements dans les pensées de Winston sont des rebondissements haletants. Au final, l’intrigue est centrée sur la psychologie des personnages, puisque tout a un rapport avec le contrôle de la pensée.

J’en viens ainsi à parler des personnages. D’abord Winston, que j’ai déjà amplement mentionné ; du statut de héros, j’ai ensuite pensé qu’il serait un anti-héros. Puis, à la fin, virage à 360° et l’on découvre que Winston n’est rien de tout cela. Le personnage a réellement évolué : il a commencé à douter de ce que le régime disait réellement, puis ses doutes ont été confirmés, puis le régime l’a réintégré en son sein. On assiste ainsi à travers lui à l’éveil de a conscience, puis la perversion de la pensée qui permet l’embrigadement. C’est cela qui est réellement intéressant dans ce livre, plus que l’intrigue. On comprend qu’il arrive la même chose à Julia, le personnage qui sort Winston de la torpeur dans laquelle son univers le plonge ; on n’en sait pas beaucoup sur elle, et je n’ai pas réellement apprécié ce personnage. J’aimerais également aborder la figure de Big Brother : je n’ai pas réussi à déterminer s’il s’agissait d’une réelle personne ou d’une sorte de symbole pour représenter l’ensemble des dirigeants du Parti intérieur... d’autant que Big Brother est une figure mythique de la littérature ! J’aurais donc aimé en savoir plus sur lui, qu’il ait une place véritablement active, alors qu’il se contente d’être présent, et je n’ai pas trouvé cela véritablement oppressant –pas autant que ce à quoi je m’attendais du moins.

De ma lecture, je retiens surtout les extraits du Livre de Goldstein, dont j’aurais aimé en lire davantage. Le cheminement du personnage principal est intéressant, mais un peu long, et le style d’écriture à base de Novlangue, bien qu’innovant, ne m’a pas aidée.

2 commentaires:

  1. Même si cette lecture n'est pas forcément très agréable, c'est un classique de la science-fiction qui me fait de l'oeil depuis un moment. Rien que pour la culture générale :)

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