lundi 25 septembre 2017

[L'étagère historique] Les orphelins du bout du monde - Harmony Verna

566 pages (Editions Belfond - collection Le cercle) - 4.5/5

Au début du XXe siècle, une somptueuse histoire d'amour à l'atmosphère ensorcelante, avec pour toile de fond les vastes plaines de l'Ouest australien, terres ancestrales du peuple aborigène.

Leonora est une miraculée. Abandonnée par son père dans la fournaise du désert, puis recueillie dans un orphelinat, la petite s'est murée dans le silence. Son seul ami : James, un Irlandais rebelle, qui la protège comme une soeur. Mais le lien si fort qui unit les deux orphelins est brutalement rompu lorsque Leonora est adoptée par les Fairfield, de riches industriels qui l'emmènent aux États-Unis.

Des années plus tard, c'est une belle héritière qui revient sur les terres australes, au bras de son mari, le ténébreux et irascible Alex Harrington, venu diriger la mine des Fairfield. C'est là que Leonora va retrouver James. Malgré le temps, leur complicité est intacte ; or Alex ignore tout du passé de la jeune femme...

Comment lutter contre cette force irrésistible qui la pousse vers James ? Comment échapper à la soif de contrôle maladive de son époux ? Pris au piège de la jalousie, des mensonges et des drames de l'Histoire, les orphelins du bout du monde seront-ils un jour réunis ?


« Les seules conséquences de la violence sont la peur et la destruction des âmes. »


En bref... Cette lecture a été en même temps dure et paisible, et j’ai adoré ce contraste ; les personnages ne sont que paix et amour dans un monde qui semble s’acharner sur eux. C’est sans compter la Providence qui semble guider tous leurs destins, et qui termine leurs aventures sur un sentiment de bien-être infini pour le lecteur. Ajoutons à cela un style très fluide mais chargé d’émotions... une lecture dont on ne ressort pas indemne !


Le titre est très évocateur et a attisé ma curiosité. Je remercie donc NetGalley et les éditions Belfond pour m’avoir offert cette merveilleuse opportunité de découvrir Les orphelins du bout du monde, qui a été un coup de cœur. Cependant, je ne me suis pas rendue compte de cela immédiatement, mais il m’a fallu attendre de comprendre toutes les traces que cette lecture avait laissées en moi. En effet, ma lecture m’avait évidemment plu, pour plein de raisons différentes (intrigue, personnage, écriture) mais, en même temps, ce n’est pas un livre que, une fois refermé, j’avais envie de relire sur le champ. J’ai préféré prendre un peu de recul avant d’écrire mon avis, et j’ai bien fait.

 J’ai beaucoup aimé ma lecture, mais la particularité de la narration est sa douceur ; quel que soit le point de vue abordé, les personnages sont dans une forme de pacification qui mène l’intrigue avec délicatesse. Les scènes d’action sont certes rares, il n’empêche que l’on ne s’ennuie jamais. En fait, le roman est surtout un condensé d’émotion à l’état pur. Ma lecture n’a cessé de me toucher directement au cœur, m’envoyant comme des impulsions électriques jusqu’à l’implosion. Vous l’aurez compris, ce livre m’a bouleversée !

L’intrigue y est fortement pour quelque chose. Elle est pleine de surprises, mais ce n’est même pas ce que j’en est retenu ; cela ne me semble pas être le but principal de l’auteur. Dès le début (et rien que le titre) permet de comprendre que les thèmes traités ne seront pas gais : abandon, manque, perte... Pourtant, et c’est ce que je trouve magistral dans cet ouvrage, l’ambiance n’est pas sombre. Si des événements malheureux ne cessent de s’enchaîner, ils sont toujours tournés de façon à entrevoir une lueur d’espoir que le lecteur comme les personnages poursuivent. 

Au final, cette lecture fait du bien, car, malgré toute la tristesse qui émanent d’eux, les personnages sont apaisants. Tout d’abord, ils sont tous innocents, et semblent soumis à un destin qui les dépasse ; ils semblent même animés par une force suprême qui par moments les éloigne, par d’autre les rapprochent. Dans ce mouvement perpétuel, eux restent purs alors qu’ils ne sont entourés que par des brutes. Et ce contraste est réellement ce qui fait la force du livre ; le cheminement individuel est personnages est intéressant, c’est leur réunion qui m’a le plus touchée.

Concernant les personnages, Leonora (que j’aime ce prénom !) et James sont clairement faits l’un pour l’autre dès le début, comme des âmes sœurs : ils se ressemblent, tout simplement. J’ai d’ailleurs du mal à les caractériser séparément... Leonora m’a beaucoup émue ; elle n’est pas insensible à la douleur, la peine n’a pas été absente de sa vie, mais elle reste bonne et altruiste. La seule chose qui m’a surprise est le changement de personnalité que l’on découvre une fois qu’elle a grandi. Et là s’est trouvé tout le talent de l’auteur en découvrant que le changement extérieur ne traduisait pas son être profond. James, quant à lui, est plus tumultueux, révolté contre le monde dans lequel il vit ; au final, on comprend qu’il est guidé par ses émotions, tout comme Leonora. Pour le reste, il garde en lui cette part d’insouciance, d’innocence, et il affronte volontiers la brutalité pour aider autrui. En somme, si James et Leonora sont complémentaires de par leurs personnalités respectives, ils ont surtout la même façon de penser et de voir le monde, et c’est ce qui permet de rendre l’histoire belle et touchante. En revanche, je déplore que les autres personnages soient trop effacés en comparaison de ces personnages fragiles mais forts de l’attachement qu’ils créent...

Enfin, le dernier élément qui vient fignoler la beauté du livre est la plume de l’auteur. Elle est délicate, parfaitement en adéquation avec le style du livre ; tout en restant fluide, on sent que l’écriture est très travaillée : chaque mot semble calculé, réfléchi – or, la dernière fois que j’ai ressenti la même chose, il s’agissait de l’écriture de C.S. Pacat dans sa trilogie Prince captif qui, comme vous le savez, a été un coup de cœur intersidéral... Vous comprenez donc à quel point j’ai aimé ce livre, même si je ne parviens pas à déterminer s’il s’agit d’un coup de cœur ou non pour moi... Précisons juste que toute la douceur que dégage ce livre peut faire sembler certains passages longs, alors que je les ai plutôt vécus avec la légèreté d’une plume portée par l’intrigue.

2 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas du tout ce titre, qui m'a l'air pourtant magnifique. Un récit poignant et dur mais qui porte toujours en son cœur l'espoir, je ne peux qu'aimer ♥ J'ai hâte de rencontrer Léonora et James ! Dans ma WL, direct !

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    1. Ouiii il est génial ! Et ma mère adore aussi. Je te le conseille tellement !!!!

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